Apprendre à tenir debout
Après avoir fui la maison familiale, Louis se retrouva sans repères. À 17 ans et demi, il entrait dans une réalité brutale : celle qu’on appelle la rue. Il était, au sens strict, SDF. Mais à cet âge-là, et dans son état d’esprit, ce n’était pas uniquement de la détresse. C’était aussi une forme de liberté. Une fuite vers un ailleurs qu’il voulait croire plus simple, plus respirable.
Nous étions en novembre 1987. Louis était encore censé aller à l’école un jour par semaine. Ce matin-là, il confia ses difficultés à un camarade. Celui-ci lui parla d’une maison abandonnée dans les bois, près de chez lui, à Trooz.
— « Tu peux t’y installer. Je viendrai t’apporter à manger. »
Louis ne réfléchit pas longtemps. Il plongea dans cette liberté sauvage.
Deux semaines hors du monde
La maison était une ruine glacée, sans confort, sans sécurité. Mais elle était à lui. Son ami lui apportait un peu de pain, de l’eau, parfois de quoi grignoter. Ce n’était pas suffisant, mais il tenait. Il tenta même de trouver du travail chez les petits commerçants du coin. En vain. Sa situation inspirait la méfiance.
Il tint ainsi deux semaines, jusqu’à ce que le froid, la fatigue et la solitude finissent par l’emporter.
La nuit de la Fenderie
Une nuit, transi, Louis erra sans but. Il frappa au château de la Fenderie, attiré par la lumière et la musique. Personne ne répondit. Il continua à marcher le long de la Vesdre, quand il aperçut une petite maison éclairée. Les murs étaient couverts d’inscriptions, comme si d’autres avant lui y avaient laissé leur trace.





